Café-lecture : Karina Marques présente son livre « Ilse Losa : estreitando laços. Correspondência com os pares lusófonos (1948-1999) [Ilse Losa : retraicissant des liens. Correspondance avec les pairs lusophones (1948-1999)] »

Ilse Losa : estreitando laços. Correspondência com os pares lusófonos (1948-1999) 

[Ilse Losa : retraicissant des liens. Correspondance avec les pairs lusophones (1948-1999)]

Karina MARQUES (org.)

Auteur : Karina Marques (org.)
Editeur : Afrontamento
Nombre de pages : 396
Date de parution : 2018
Langue : Portugais

 

Sur l’ouvrage

Le premier volume de la correspondance de l’écrivaine portugaise d’origine juive-allemande, Ilse Losa, intitulé Ilse Losa : estreitando laços. Correspondência com os pares lusófonos (1948-1999) [Ilse Losa : retraicissant des liens. Correspondance avec les pairs lusophones (1948-1999)], a été publié en avril 2018 sous l’organisation de Karina Marques, maître de conférences au département d’études portugaises et brésiliennes de l’Université de Poitiers. Cette correspondance accompagne tout le parcours de l’écrivaine au Portugal, dès la publication de son premier ouvrage jusqu’à la fin de sa vie active, représentant sa reconstruction personnelle en tant que victime de la Shoah et un exemple de construction auctoriale dans une nouvelle langue.

Sélection représentative d’une vaste production épistolaire, cet ouvrage rassemble 398 documents, parmi lesquels se trouvent des lettres, des cartes postales, des télégrammes, des illustrations et des manuscrits envoyés à 74 correspondants pendant plus d’un demi-siècle. La plupart de ses interlocuteurs était des écrivains portugais, mais nous y trouvons également des architectes, des acteurs, des réalisateurs, des journalistes, des artistes plastiques, des musiciens, un mathématicien, un économiste, des intellectuels brésiliens, voire même, un homme politique, l’ex-premier ministre portugais Mário Soares. Ceci illustre la diversité des activités développées par Ilse Losa comprenant la littérature (roman, conte, poésie, théâtre, jeunesse), la traduction (portugais/allemand/anglais/hollandais), la médiation interculturelle (Portugal/Allemagne) et, de plus, l’intervention sociale et politique dans la lutte contre le fascisme au Portugal et dans le processus de démocratisation du pays, après la Révolution des Œillets (1974).

 

Sur Ilse Losa

Après avoir été interrogée par la Gestapo en raison d’une lettre écrite à une amie allemande critiquant durement la politique du parti national-socialiste, et plus directement la figure de Hitler, Ilse Losa (« Lieblich » de son nom de jeune-fille) prend le chemin de l’exil. Dans son premier ouvrage, le roman autobiographique O Mundo em que vivi  [Le Monde où je vécus, en portugais] (1949), traduit en français sous le titre La rose américaine(1997), l’horreur de cette scène est reconstruite. Nous y voyons Rosa Frankfurter, blonde aux yeux clairs, face à l’agent de la Gestapo qui, fasciné par sa beauté « très peu juive », la laisse en liberté tout en lui demandant de repasser dans son bureau 5 jours plus tard. L’opportunité était à saisir rapidement et le Portugal, pays où se trouvait déjà un de ses frères victime des Nazis, s’est avéré être la destination idéale. Ilse débarque alors à Porto en 1934, à l’âge de 21 ans, ignorant que ce pays était lui aussi plongé dans un régime dictatorial. En 1936, elle se marie avec le célèbre architecte portugais Arménio Losa, acquérant la nationalité portugaise. Avec celui-ci – mais aussi de façon indépendante – elle s’engage dans la lutte contre le fascisme. En ce qui concerne la langue portugaise, qu’elle méconnaissait jusqu’à l’âge adulte, elle l’utilise pour construire des récits fictionnels associés aussi bien à ses mémoires de jeunesse en Allemagne, dans un climat antisémite grandissant, que pour faire un portrait de la société portugaise salazariste.

Son premier ouvrage O Mundo em que vivi (1949) est un roman autobiographique bouleversant, considéré comme un best-seller au Portugal. Dans cet ouvrage, l’héroïne, Rose, petite fille juive, vit à la campagne en Allemagne au début de la première guerre mondiale. Elle raconte ses souvenirs, l’inexorable montée de l’antisémitisme et du nazisme jusqu’à la prise du pouvoir par Hitler.

Ses trois premiers romans forment une triade qui recrée fictionnellement sa jeunesse en Allemagne, son séjour en Angleterre pendant l’ascension de Hitler, jusqu’à son installation au Portugal. Elle a publié également un recueil de poèmes, une chronique de voyages aux États-Unis, sept recueils de contes (son genre de prédilection), un recueil de chroniques et plus d’une vingtaine de livres pour la jeunesse, dont quelques titres sont recommandés comme lecture par le ministère portugais de l’éducation.

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